27/02/2008
Est-ce vraiment l'amour qui rend aveugle ?
Cette note figure désormais dans le recueil
Les ombres de la caverne
Editions Hermann, juillet 2011
07:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : développement personnel
01/02/2008
Passagers du silence
Quand j’ai lu lors de sa parution La Passagère du Silence, une observation de l’auteure a retenu mon attention : plus efficace que la censure, disait-elle, était l’autocensure. En l’occurrence, il s’agissait de la Chine de Mao où, dans une semi-clandestinité, Fabienne Verdier avait passé une dizaine d’années à apprendre un art « bourgeois » entre tous : celui de la calligraphie traditionnelle. Depuis lors, j’ai regardé de plus près la façon dont fonctionnent nos organisations. Indéniablement, l’autocensure y joue un rôle non négligeable. Machiavel me murmure que c’est l’huile qui lubrifie les rouages et leur permet de tourner plus vite dans le sens désiré ! Je vois bien ce qu’il veut dire, mais je forme une hypothèse complémentaire en ce qui concerne nos organisations: l’autocensure amplifie les interdits et, ce faisant, elle nuit à la fécondité.
Je suis fasciné par l’histoire des frères Lumière. Les Lumière sont des entrepreneurs de génie. Ils ont inventé, techniquement, le cinéma. Ils ont déployé - à l’échelle planétaire - de nouveaux métiers, une nouvelle façon de s’instruire, une nouvelle forme de culture. Mais, quand Pathé survient et leur parle du film de fiction, ils ne le prennent pas au sérieux. Pour eux, le vrai cinéma est à jamais documentaire. Leur jugement définitif n’entravera en rien le développement que nous connaissons. Simplement, il se fera sans eux. Imaginons que Pathé ait été l’un de leurs collaborateurs. Selon vous, cela aurait-il été différent ? Peut-être les choses n'en auraient-elles été que plus difficiles pour lui. Il aurait eu contre son idée non seulement l’opinion de ses patrons mais encore toutes les croyances de son milieu professionnel. Au risque du rejet se serait ajouté celui qu’il renonce de lui-même. Au mieux, il serait allé tenter ailleurs sa chance. Retour, donc, à la case « départ ».
Fabrice Micheau, qui m’a fait découvrir Michael White et le courant du « récit », animait la semaine dernière un de mes séminaires. Il analysait de tels phénomènes d’affrontements et de rejets en termes de relation entre une «culture dominante» et des «contre-cultures». Toute culture dominante est le résultat d’une réussite. Mais la marque d’une culture dominante est son intolérance : forte de ce qui lui a réussi, elle se juge détentrice de la vérité et il lui semble légitime de condamner et d’exclure. Elle se veut exclusive. Souvent, en outre, les seconds-couteaux, plus royalistes que le roi lui-même mais aussi d’esprit plus étroit, se livrent à la chasse aux sorcières. Ce faisant, la culture dominante s’enfonce dans la cécité et l’arrogance – les deux vont de pair - et prépare le terrain à l’erreur mortelle. A l’inverse, les contre-cultures qu’héberge nolens volens l’organisme, parce qu’elles sont les signaux, d’abord faibles, de ce qui est en germe, peuvent constituer le vivier de l’avenir. A tout le moins, elles peuvent aider à le comprendre. La pérennité d’une organisation dépend, paradoxalement, de sa capacité à accueillir la déviance en son sein. Une véritable ascèse, vous en conviendrez.
07:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, développement personnel, organisations, management, innovation, politique
28/01/2008
Napoléon n'a jamais existé
Au temps lointain où je fréquentais les Archives départementales de Lot-et-Garonne, j'étais tombé sur un petit texte du plus grand intérêt. Dans un opuscule plein d'esprit et d'érudition publié en 1827, J. B. Péres, bibliothécaire de la ville d'Agen, démontrait que Napoléon n'a jamais existé. Cette démonstration était d'une telle rigueur qu'elle emporta ma conviction. Pour autant, nous continuons encore à enseigner ce mythe à nos enfants comme s'il s'agissait de faits réels. Sans doute quelque conspiration a-t-elle contribué à tenir sous le boisseau un document aussi important pour la compréhension de notre propre histoire. Mais, heureusement, grâce à Internet, les tiroirs les plus secrets finissent par livrer leur contenu. Je laisse à chacun le soin de se faire sa propre opinion, ne doutant pas qu'elle rejoindra finalement la mienne.
Napoléon n'a jamais existé.pdf
07:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : développement personnel, connaissance, rationalité